Parmi les spécialités médicales, la psychiatrie est probablement celle dans laquelle la prise en compte des enjeux au long cours impacte la prise en charge le plus précocement. Cette question du soin, où les légères inflexions initiales ont un fort retentissement à distance, anime bien sûr toute la médecine dès lors qu’il existe une chronicité du trouble. Toutefois, en psychiatrie, le sujet malade traverse des périodes, parfois très précoces - même si la plupart du temps, temporaires -, où il perd en autonomie et doit être assisté. Ces fragilités d’autonomie précoces et récurrentes nécessitent de penser d’emblée la flèche autant que les instants du soin. Concevoir le soin comme intervention et comme projet, nécessite donc d’aborder la question sous un angle plus vaste et intégratif que de se cantonner à l’aspect procédural du soin. On le sait, soigner et prendre soin ne sont pas synonymes, mais au contraire des conditions de possibilité de l’un pour l’autre. Une dimension supplémentaire à cette dialectique consiste à organiser et optimiser les séquences et les combinaisons soignantes les plus vertueuses à destination de l’autonomie du patient. Plus qu’additives, les stratégies de soin doivent donc être coconstruites au fil du temps. Tracée par plusieurs mains, de traits et de couleurs variable, la trajectoire du soin du patient se dessine et s’invente pour chaque patient sur une feuille parfois rugueuse ou trouée. Sur une trame de fils coloriés à l’encre de l’essence des pathologies mentales telles que nous les décriront des grands acteurs du soin aujourd’hui, s’entrecroiseront d’autres fils aux couleurs des modalités pragmatiques de la mise en œuvre du soin. Méthodes de soin, données de la littérature scientifique, approches qualitatives, patients partenaires, intelligence artificielle, pharmacologie, neuromodulation, réhabilitation, ... toutes matières fabriqueront une toile de savoir à la fois robuste et vivante dont le dessin s’enrichira aussi des questions et propositions de l’auditoire. Tenir ces fils ensemble, les lâcher un moment pour qu’ils s’entrecroisent, est indéniablement plus facile en présentiel. Tel a été notre choix. Je vous souhaite un bon congrès où les retrouvailles se combineront aux trouvailles pour un moment confraternel d’une psychiatrie décidemment de plus en plus dans tous ses états ! Pr Charles-Siegfried PERETTI Président de l’ARSPG