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La psychiatrie dans un monde en sursauts : quelles réponses ?

congrès arspg 2017

édito

En réponse à la rapidité et à l’ampleur des changements du monde contemporain, deux attitudes s’opposent pour penser, organiser et mettre en œuvre le soin des pathologies mentales. D’un côté, rapports et recommandations actuelles prônent des bonnes pratiques résolument nouvelles fondées sur les spécificités du monde d’aujourd’hui. Non plus issue de la pathologie, la neurobiologie ou la psychologie, la mise en œuvre du soin psychiatrique trouverait ses fondements dans l’intégration de réalités telles que la crise économique mondiale, les profondes mutations sociales, la nécessaire réforme du soin, l’internationalisation et l’homogénéisation des pratiques, la prééminence de la réhabilitation dans le soin. L’idée qui préside à une telle approche est que la psychiatrie s’est toujours adaptée au fil du temps aux modifications des valeurs, aux contraintes sociétales. Selon cette conception, la psychiatrie telle que nous la pratiquons encore aujourd’hui, centrée sur le sujet, sa biologie, son histoire singulière, serait en phase d’obsolescence. Elle aurait correspondu à un temps de notre modernité aujourd’hui révolu. Nous serions désormais dans une époque post-moderne. Les soubresauts sociétaux contemporains, la disparition des frontières et des écoles de psychiatrie nationales, les données issues des preuves scientifiques, la prééminence de la planification, de l’homogénéisation des pratiques exigeraient un changement des paradigmes du soin. Les invariants de la souffrance humaine guideraient moins les pratiques que l’importance et la vitesse des changements sociétaux, les soubresauts d’un monde devenu volcanique et désorganisé, la crise monétaire et économique et la nécessaire rationalisation du soin. A ce modèle s’oppose celui qui postule que la vie psychique, notamment pathologique, possède des caractéristiques essentielles qui se manifesteraient, inchangées, depuis le néolithique jusqu’à nos jours. Si la psyché a pour fonction l’ajustement au monde pour lui donner sens, mais aussi s’adapter à ses incessants changements, c’est justement la pérennité de mécanismes psychiques qu’il faudrait concevoir et suivre pour offrir le soin le plus efficace. De tous temps, l’homme a dû changer, s’adapter. Le monde contemporain ne serait pas plus exigeant que d’autres périodes de l’humanité en termes de rapidité et de profondeur des changements. A ce titre, le soin psychiatrique se devrait de prendre en compte et intégrer dans ses procédures les éléments constitutifs de la psyché humaine. Les contraintes atemporelles de la biologie cérébrale et de la psychologie, mais aussi de la structuration du groupe humain comme espèce imposeraient des invariants de la prise en charge qui devrait, de ce fait, davantage être fondée sur cette essence que sur les aléas momentanés du monde. S’il est une dimension fondamentalement scientifique de la psychiatrie, elle consiste en son effort d’observation détaillée, précautionneuse, souvent contradictoire du patient et de sa réalité vécue. Incessamment, le clinicien comme le chercheur étudie et interroge les écarts entre cet examen et les différentes grilles de lecture théoriques proposées pour appréhender le réel clinique. L’observation attentive quotidienne des patients montre de manière indubitable qu’aucun modèle unifié - qu’il soit atemporel ou contemporain - ne peut prétendre à lui seul décrire la complexité clinique, psychologique et biologique des patients. Aucun modèle univoque de pratique de la psychiatrie, éternel ou post-moderne, quand bien même il serait le fruit d’une analyse économico social ou à visée fonctionnelle, n’est suffisamment intégratif pour rendre compte de la complexité du réel clinique, de son évolution et des attentes des patients. Cliniciens, chercheurs et politiques, tous ont recours simultanément à plusieurs modèles d’intelligibilité fondamentalement différents pour comprendre et traiter la pathologie mentale. Chacun de ces protagonistes constate au quotidien, au fil des ans, l’importance et la rapidité du revirement des croyances, des grilles de lectures, des attentes. Certains dogmes jusqu’à récemment considérés comme mineurs se trouvent soudains légitimés. D’autres sombrent brutalement dans le plus profond discrédit. Tel est le cas par exemple de l’efficacité de thérapeutiques comme la méditation ou l’exercice physique. Jusqu’alors anecdotiques et qualifiés d’ascientifiques. Les voilà soudain, et à juste titre, prônés dans les recommandations. De même, assiste-t-on à la réhabilitation spectaculaire de molécules anciennes comme les sels de lithium. L’efficacité de traitements physiques comme la stimulation électrique considérés un temps comme fantaisistes ou obsolètes pourraient prochainement être mis en œuvre au domicile du patient pour des troubles variés allant de l’anxiété aux hallucinations. Commence aussi à poindre l’idée que l’imagerie fonctionnelle ou le recours à des biomarqueurs périphériques serviront à guider la prescription en l’individualisant. Il est un toutefois un invariant exprimé par les patients : leur besoin de thérapie individuelle. A l’inverse d’un système de soin sous la bannière unificatrice d’un socius en crise ou d’une psyché éternelle, la modernité et postmodernité de la psychiatrie se manifestent par un éclectisme dynamique. Ainsi, les soubresauts du monde, les crises économiques et morales provoquent-ils davantage des oscillations nourries de riches harmoniques qu’ils ne conduisent à l’établissement d’un modèle unifié. Pourtant, le balancier penche souvent d’un seul côté. Pour les institutionnels, les régulateurs, les recommandations, le curseur est en faveur d’un modèle de soin globalisé et homogénéisé en réponse aux désordres du monde socio-économique nécessitant d’unifier les pratiques pour les optimiser. Pour le clinicien et le chercheur, un modèle patchwork, composite, hétérodoxe paraît plus souhaitable. Mais le psychiatre, comme tout médecin est avant tout pragmatique. Enthousiaste, il veut croire à la modernité car elle lui ouvre des horizons. Attentif, il est précautionneux à ne pas chambouler des équilibres précaires. Etonné, il observe des forces psychiques mises en œuvre chez les patients à partir de champs qui lui sont inconnus. Ce pragmatisme le pousse à ne pas choisir entre ces deux extrêmes, mais à tester, être à l’écoute, se remettre en question. Enfin, face à une clinique aussi complexe, - palette quasi infinie de situations, d’imprévus, de changements -, et devant une telle variété de modèles de compréhension et de thérapeutiques, le soin devient une combinatoire où créativité et rigueur se combinent. La médecine n’est-elle pas aussi un art ? La 15ème édition de notre congrès La Psychiatre dans tous ses Etats se propose donc, en empruntant diverses approches et en confrontant les savoirs, de nous informer sur les évolutions de notre discipline, nous faire découvrir des champs jusqu’alors inconnus, éclairer d’un jour nouveau d’autres, confirmer heureusement certaines de nos pratiques. Le format du congrès qui laisse une part importante à l’interaction permet de fructueux échanges entre orateurs et écoutants, cliniciens et théoriciens, industriels et associatifs. En mon nom et celui de tous les acteurs de ce congrès, je vous souhaite trois jours de rencontres, de savoir et d’échanges. Bon congrès à toutes et à tous. Professeur Charles-Siegfried Peretti Président de l’ARSPG

PRéSENTATIONS

01.

Clinique et traitement du TDA/H chez l'adulte

02.

Emotions et psychopathologie

03.

Evolution des conceptions de la clinique du TDAH 

04.

L'instabilité émotionnelle au cœur du trouble bipolaire : même lors de périodes euthymiques 

05.

Manifestations neuropsychiatriques au cours des affections neurodégénératives

06.

La dépression : un facteur pronostic pour les pathologies chroniques 

07.

Cholestérol et apolipoprotéine (APOE) dans la maladie d'Alzheimer

08.

09.

11.

12.

13.

Nouvelles données sur la méditation plein conscience

14.

Stimulations magnétiques dans la schizophrénie 

15.

Inflammation : une nouvelle piste pour soigner les troubles cognitifs de la schizophrénie

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